Pensées emmêlées: Sourire
J’attendais, seule au milieu de tous ces autres.
C'est là que je me sens bien. Au milieu et ailleurs.
Observer, écouter. Me laisser bercer, en retrait, me soustraire à la réalité.
On dit que les yeux sont le reflet de l’âme. C’est mon sourire qui joue ce rôle-là. Discret, insistant.
Comme une porte intérieure. Comme une serrure. Il brouille les pistes et verrouille l'accès aux mouvements de mes pensées. Dernière défense face à un trop plein d'émotion.
Sourire réflexe, comme une protection. Sourire gêné, comme une retenue. Sourire qui dissimule, en silence. Sourire qui s’excuse, qui m’excuse d’exister.
Candeur ? Naïveté ? Impertinence ou suffisance ? Parfois faiblesse. Pire, inconsistance ? Chacun y voit ce qu’il veut y voir. J’ignore ce qui se dégage de moi. Et je déteste les étiquettes, les conclusions hâtives. Tout ce qui fige. Tout ce qui balaye ma complexité.
Pourtant, qui ferait l’effort de venir jusqu’à moi ?
Pour savoir qui je suis, pour découvrir mon chaos et accéder à mes paradoxes.
J'espérais quelqu'un qui reconnaitrait mon sourire. Qui le décoderait, qui le manipulerait, qui le désarmerait. Qui lirait en moi comme dans un livre. Sans se laisser berner par mes épines. Quelqu'un qui protégerait mes incohérences et mes fragilités. Et m'emplirait ainsi de la confiance qui me faisait défaut.