Instants croqués: Princesses et châteaux forts
S'enfouir dans ses rêves comme sous une couette. Retrouver la chaleur et se sentir en sécurité. Forteresse imprenable qu'est le fil de mes pensées...
S'enfouir dans ses rêves comme sous une couette. Retrouver la chaleur et se sentir en sécurité. Forteresse imprenable qu'est le fil de mes pensées...
Je ne peux pas imaginer l'interdit sans avoir terriblement besoin d'y succomber. C'est le fameux: "Ne pensez pas à une girafe rose!". Quelle est la première image qui s'impose à vous ?
Ma vie ressemble à cette girafe rose. Je ne suis qu'une enfant devenue grande. Il est minuit et demi et ce soir, je suis emmitouflée dans un sac de couchage. Je crois que je suis bien.
Juste au chaud, juste comme il faut.
Mais plus je pense à combien je suis bien, non vraiment, je n'ai besoin de rien d'autre c'est parfait, et plus les pensées insidieuses me hantent. Plus je lutte pour les repousser et plus mon esprit vient me titiller. Il s'égare et se focalise sur une idée, une seule idée, fixe, qui peu à peu prend toute la place: dans ce sac de couchage je ne peux pas bouger.
Mon corps est confiné. Et si l'envie me prenait de bouger les jambes?
Là, je suis bien, sans doute, mais plus tard dans la nuit? Mon corps se met à fourmiller à cette pensée.
Alors je ne ressens plus rien d'autre que l'envie d'étendre mes jambes, les étirer au maximum. Ma respiration s'accélère.Plus je me sais retenue et plus j'ai besoin d'autre chose... Je chasse l'image mais voilà qu'elle revient. Et plus je la chasse, plus mon désir grandit jusqu'à devenir intolérable. Il n'y a bientôt plus rien au monde que cette soif de vivre. Me libérer, déchirer ce sac qui me contient.
Ma main descend la fermeture éclair d'un geste brusque et définitif.
Je ne remarque qu'à cet instant-là la fièvre à mes tempes, les palpitations de mon coeur. Je ferme les yeux, je laisse la fièvre s'apaiser d'elle-même. J'inspire profondément et je m'endors enfin, immobile mais libre.
J'aime Internet. Je participe -plutôt beaucoup- aux réseaux sociaux. J'avoue!
Facebook, Twitter, Babelio, + les blogs ...
J'aime observer de loin une part des autres, une part des hommes. La partie émergée de l'iceberg, bien entendu, mais quand même. Il y a un peu de nous dans ce que l'on donne à voir. Les singularités, les excès, les coups de gueule. Les élans spontanés ont pour moi quelque chose d'attachant.
Il y a autant de façons d'être sur la toile que d'êtres vivants derrière leur écran et c'est tant mieux! J'aime cette instantanéité, ces mélanges de genre improbables, ces bribes d'humanité.
Il y a les contestataires, il y a les rigolos, les réacs, les naîfs, les susceptibles et surtout, il y a les timides. Ces invisibles qui prennent consistance et que l'on rencontre enfin.
Il y a ceux qui sous-marinent mais n'en loupent pas une miette, ceux qui accaparent tout l'espace et puis les autres. Ceux qui ne sont que de passage.
Il y a ceux qui s'expriment en gardant une distance, ils rebondissent par une pirouette ou un bon mot. Il y a ceux qui se livrent intimement, entièrement, ils se donnent, sans même penser se protéger. Avec excès sans doute, mais j'apprécie la générosité de ces élans-là. Il y a ceux qui partagent les mots des autres pour parler d'eux-mêmes, parce que c'est bien écrit, parce que ça fait écho, parce que ça ramène à l'universel de ce que l'on a enfoui en nous.
Il y a ceux qui affirment haut et fort leurs idéologies, politiques, éducatives, morales. Il y en a d'autres qui sont là pour se faire connaître, parce qu'ils ont fait le pari fou de monter une entreprise, un commerce, un spectacle ou parce qu'ils se sont découvert des talents cachés, une sensibilité particulière qu'ils peuvent partager à loisir.
Il y a les couples qui étalent avec fougue les grands bonheurs des débuts, et puis le temps passant, les statuts se tassent et s'ankylosent pour ne se raviver qu'à l'occasion d'un anniversaire de mariage. Il y a les parents d'enfants en bas âge qui ont enfin à portée de main un lieu où déposer les galères, les fatigues et les émerveillements, de jour comme de nuit ( la nuit occupe un temps certain quand on est un jeune parent ). Il y a les blagounettes, les citations, les parodies, les musiques, les vidéos, les recettes de cuisine, les photos d'artiste. Il y a aussi les photos d'animaux dans des accoutrements pas possibles, les enfants qui grandissent, les voyages au bout du monde, le soleil en hiver, les décalages horaires, les paysages vertigineux et aussi les photos de soi, les filles sexies qui récoltent 59000 j'aime et 200 commentaires "waouh, t canon!" et les autres, les filles moins jolies qui s'en sortent avec un "la photo est superbe", "la robe te va bien" ou "t'es trop mimi".
Il y a les morts aussi parfois qui gardent une place.
Le virtuel a ceci de magique qu'il abolit les distances. D'ici à l'au-delà, il n'y a pas plus de chemin qu'entre moi et l'ordinateur voisin. La réciprocité en moins. Bien sûr.
Alors voilà, il y a ce que l'on dépose, ce que l'on expose, en connaissance de cause, et puis il y a le retour des gens.
On ne s'en soucie pas parait-il. Mais parfois, les commentaires tombent juste et réchauffent le coeur. C'est impalpable mais c'est une sacré source d'énergie. Parce que dans ces échanges miniatures, dans ces secondes partagées, on sait qu'on a un peu rencontré l'autre. Juste la partie émergée de son iceberg bien sûr, mais quand même...
J'aime Internet.
En ce moment, j'écoute en boucle Berry.
Je ne sais pas si vous connaissez. Je l'ai découverte avec son premier album "Mademoiselle" il y a un peu plus de 4 ans. Cet album est un petit bonbon, sucré, acidulé... Une voix sensuelle et souriante, des musiques simples, et le mariage des deux donne un tout envoûtant. Je me laisse bercer, je me laisser aller, ses mots font remonter les souvenirs, les émotions, les sensations. C'est savoureux. On dit de Berry qu'elle est la néo Françoise Hardy. Je n'aime pas ses rapprochements douteux, pas besoin d'être quelqu'un d'autre pour exister. Je trouve que ça ne lui va pas.
"Le Bonheur" bien sûr, son "tube" (les paroles sont juste magnifiques)
"N'ayez pas peur du bonheur, il n'existe pas, ni ici, ni ailleurs....
Nous allons mourir demain
Ne dites plus rien
Le bonheur conjugal
Restera de l'artisanat local
Laissez-vous aller, le temps d'un baiser... Mmmhhh je vais vous aimer... "
Les vacances c'est comme le dessert.
A quoi bon survivre à demi en attendant d'être enfin vivant? A quoi bon les haricots verts avant la mangue juteuse? Et pourquoi?... Bien sûr attendre et retarder, parler, lire, rêver pour mieux savourer, ça a du bon; ça accélère le coeur, ça nourrit, ça transporte, c'est déjà les vacances, c'est déjà le dessert!
Mais subir avant la délivrance, c'est intolérable, être balloté de vague en vague, de haut en bas, d'extases en concessions, non. Il n'y a pas à courber le dos avant de s'envoler. Il y a juste à ouvrir la poitrine et inspirer profondément, il y a juste à sentir la force du vent, tendre les bras et suivre le cap qui nous ressemble. Manger ce qui nous rassasie, accepter ce qui nous fait du bien, vivre ici et maintenant.
Plus de dessert, plus de vacances, mais de la saveur au quotidien, le jour, la nuit, entre deux soucis, deux colères, entre deux larmes, de la saveur dans les haricots verts, de la saveur à l'ouvrage quel qu'il soit, de la saveur dans un regard, dans une rencontre, dans une absurdité ... De la saveur!
PS: AAAAh! qu'est-ce qu'on est bien au chaud chez soi à manger des haricots verts ;)
Bonjour à tous,
Peu de présence pour moi ces derniers temps sur le blog dûe à une vie personnelle chargée et à des changements professionnels. J'ai démissionné de l'Education Nationale en novembre dernier pour devenir Assistante Maternelle. Ma formation se terminera fin dévrier et je pourrai donc commencer à garder des enfants dès Mars 2013. Si il y a parmi vous des gens que ça peut intéresser, voici le lien de ma présentation sur mon blog UneAutreEcole
Pour revenir à l'écriture, je continue à rêver des Instants Croqués, c'est un exercice qui me plait beaucoup. deux nouveaux textes depuis la dernière newsletter:
Côté chansons, d'autres idées sont en train de germer pour essayer de varier un peu mes vidéos... à voir si j'y arrive d'un point de vue technique et si mon piano tient la route d'ici à ce que je le fasse réaccorder! En attendant, je suis toujours d'humeur à écouter et à chanter Barbara, revoici le lien vers Attendez que ma joie revienne . J'adore cette chanson! A venir, un article sur Berry que j'écoute en boucle en ce moment....
Pour ceux que ça intéresse, je me suis inscrite sur Babélio, un réseau social autour de la lecture. On y partage ses lectures, et on découvre de nouveaux livres en fonction de ses goûts et des critiques des autres lecteurs... ça a l'air pas mal. Venez donc y faire un petit tour si ça vous interesse! c'est par ici
Je vous souhaite une heureuse année 2013 à venir, rien de plus pour commencer que ces paroles de Brel pour ceux qui ne sont ni sur Facebook ni sur Twitter
"Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir
et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns.
... Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer
et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil
et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence,
aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d'être vous."
Jacques Brel
Merci de me suivre, et bonne route à vous, à bientôt
Géraldine
Au fin fond de la campagne, une poignée d'enfants jouent à éteindre un feu au fond d'un champ voisin.
Il va falloir descendre le mur, il va falloir pénétrer dans la propriété inconnue et courir à découvert le long du mur jusqu'au tas d'herbes qui brûlent, jeter l'eau, en toute hâte et revenir, plus vite encore, se hisser, s'entraider, se faire la courte échelle, se tendre une main et s'enfuir, en riant, en gloussant, en trébuchant. S'enfuir avec ivresse, solidaires. Ils n'ont pas dix ans. Tout est là déjà, pourtant. L'interdit, l'aventure, le jeu, l'adrénaline.
Ils créent une épopée d'une banalité.
Deux braises et un reste de fumée deviennent un incendie; trois seaux et deux casseroles, un puits sans fond. Un muret à franchir et c'est une frontière, un océan, que sais-je encore, l'horizon! Ces deux cents mètres interdits sur lesquels ils vont devoir courir, sans se retourner, l'eau à la bouche, la casserole débordante sous le bras, c'est un terrain à découvert, c'est l'inconnu, c'est le paradis!
Deux d'entre eux se rencontrent pour la première fois.
Ces deux-là, ils ne savent pas encore. ils ne se doutent pas. Du feu qu'il y a en eux, entre eux. Ce feu qu'ils n'auront de cesse de vouloir étreindre. Toute une vie durant. Pour retrouver ce qui était déjà à leurs pieds. L'interdit, l'aventure, le jeu, l'adrénaline. Et s'embraser enfin.