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Nine
instants croques
4 mars 2013

Instants croqués: L'homme bleu

Il n'est pas particulièrement beau.

On dirait au premier coup d'oeil qu'il est classique. Peut-être même quelconque. Il ne parle pas de lui, il ne s'impose pas, il reste là. Il passerait facilement inaperçu, il disparaîtrait s'il n'y prenait pas garde, il se faufilerait, il s'effacerait. 

Il n'est pas particulièrement beau pourtant il s'éclaire au contact des autres comme s'il prenait vie.

Je pense que c'est plus fort que lui. Les regards accrochent le bleu du sien et provoquent son large sourire. Son corps malgré lui se rapproche sensiblement. Il tend vers l'autre. C'est émouvant. Et l'on peut deviner la tendresse à ses côtés s'animer comme une ombre. Une douce ombre, une ombre claire et lumineuse qui appelle à la réciprocité.

On se surprend alors à dépoussiérer la candeur en nous, qui s'était empêtrée dans le laisser aller du quotidien. On se surprend à y trouver du plaisir. Et lorsqu'on le quitte et qu'il s'éteint peut-être à nouveau derrière nous, on a encore sur le visage un sourire rayonnant et les yeux qui plissent...

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7 février 2013

Instants croqués: histoires de filles

Un téléphone vibre. Un coeur s'accélère, un sourire aux lèvres, des gloussements de filles.

Karine a 15 ans, elle traîne au centre commercial avec sa meilleure amie Nine et son chéri. Il est quinze heures trente, c'est un jour de soldes. Elle a eu la mauvaise idée de sortir habillée comme un sac sûre que cette après-midi-là serait une après-midi pour rien après les désillusions de la veille et voilà que son téléphone a sonné, voilà qu'il lui a demandé de le rejoindre alors qu'elle pensait ne plus le revoir. Quelques mots déposés sur un écran tactile. Chez moi dans 15 minutes?

Qu'est-ce que je fais? Ça fait des mois que j'attends ce moment... je ne peux pas y aller comme ça, j'ai l'air de rien! 

C'est dans ces moments là que c'est bon d'avoir 15 ans encore et sa copine à portée de cœur, perdre la tête, écouter ses pulsions, se laisser porter par la vague, faire d'une banalité un souvenir indélébile.


Bon alors qu'est-ce que je fais? ... Qu'est-ce que tu fais? Bah tu t'achetes des dessous et une paire de collants, tu cours chez Monop' et t'oublies pas de prendre du déo en passant. Y a une robe toute neuve dans la voiture de ma mère mais on a déjà plus que 10 minutes devant nous alors gooo! Ça te dérange pas mon chéri, c'est une urgence là, il faut que je m'occupe de ma copine, je te retrouve juste après.


Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux se voir dans de meilleurs conditions? Ce serait dommage de gâcher ce moment tant attendu. Hésiter cinq minutes, peser le pour et le contre, trouver cette situation complètement absurde. Adorer ça.

Courir a travers la foule du samedi, trouver un soutif, chercher désespérément dans les bacs le string assorti et à la bonne taille, répondre aux SMS de l'impatient qui se demande où je suis, si je viens. Faire monter le désir, attendre notre tour à la caisse sans perdre une seconde d'un temps précieux. Laisser Nine me maquiller dans la file en piétinant, en rigolant comme deux baleines, aux yeux de tous mais seules au monde. Un oeil, deux yeux. Laisse-moi faire je te dis, tu vas être magnifique. Payer. Non merci, pas de sac, c'est pour consommer tout de suite. Vous auriez des ciseaux...? C'est pour l'etiquette! Courir à Monop' comme des andouilles, laisser Nine faire la queue pendant que je cours les rayons. Ralentir devant les préservatifs... Et puis non, c'est quand même à lui de gérer ça. Répondre aux SMS. Payer. Courir à nouveau. Traverser la foule. Atteindre le parking. Retrouver la voiture. Demander à Nine de faire le guet. Me déshabiller en ricanant bêtement, à toute vitesse, des pieds jusqu'à la tête sans oublier le déo. Me retrouver nue dans une voiture au fond d'un parking. Enfiler les jolis dessous, les collants, la robe. Ajouter mon manteau. Rien de plus. Tant pis pour le froid. Enfourner les habits sales au fond du sac. Verrouiller la voiture et courir encore, lâcher ma copine comme une voleuse et courir de plus belle, entre deux SMS, courir jusqu'à lui, courir jusqu'à ma première fois, un sourire aux lèvres, le cœur battant, courir pour évacuer la peur, l'émotion, le rire nerveux et les larmes aux yeux, tourner au coin de la rue et courir encore. Numéro 17, je m'arrête. Essoufflée.Je prends mon inspiration, je fais le code, je referme la porte derrière moi et je monte les escaliers au septième ciel. 18 minutes top chrono. J'espère qu'il n'est pas trop tard. J'espère qu'il est encore là.


J'ai 15 ans. Encore 15 ans. 15 ans à nouveau. Je ne sais plus, j'oublie. L'horloge s'est arrêtée. Je ferme les yeux. Je rouvre ses bras. Apprêtée, maquillée, parfumée. Le sourire aux lèvres et ses lèvres sur les miennes.

5 février 2013

Instants croqués: la bibliothèque

Je n'aime pas les étalages de livres au kilomètre. Ca me déprime, ça me décourage de lire comme d'écrire.

La bibliothèque que je préfère pour choisir un nouveau roman, c'est la tienne. J'aime parcourir tes titres, fouiller, chercher je ne sais quoi. J'aime en attraper un, le feuilleter, m'arrêter sur une page et repartir ailleurs voir si tu y es.

J'aime te deviner à l'intérieur de ces lignes, j'aime surtout emprunter une part de toi. La relier à moi, définitivement. 

Certains mots résonnent plutôt que d'autres.

Dans ma bibliothèque, moi , par exemple, je ne garde que l'essentiel. Ce qui parle de moi, ce qui m'a touchée, retenue, intriguée, emportée, renversée... A quoi bon le reste? Ma bibliothèque tient dans une boîte finalement. Mais cette boîte ouvre un monde ...

20 janvier 2013

Instants croqués: le sac de couchage

Je ne peux pas imaginer l'interdit sans avoir terriblement besoin d'y succomber. C'est le fameux: "Ne pensez pas à une girafe rose!". Quelle est la première image qui s'impose à vous ?

Ma vie ressemble à cette girafe rose. Je ne suis qu'une enfant devenue grande. Il est minuit et demi et ce soir, je suis emmitouflée dans un sac de couchage. Je crois que je suis bien.

Juste au chaud, juste comme il faut.

Mais plus je pense à combien je suis bien, non vraiment, je n'ai besoin de rien d'autre c'est parfait, et plus les pensées insidieuses me hantent. Plus je lutte pour les repousser et plus mon esprit vient me titiller. Il s'égare et se focalise sur une idée, une seule idée, fixe, qui peu à peu prend toute la place: dans ce sac de couchage je ne peux pas bouger.

Mon corps est confiné. Et si l'envie me prenait de bouger les jambes?

Là, je suis bien, sans doute, mais plus tard dans la nuit? Mon corps se met à fourmiller à cette pensée. 

Alors je ne ressens plus rien d'autre que l'envie d'étendre mes jambes, les étirer au maximum. Ma respiration s'accélère.Plus je me sais retenue et plus j'ai besoin d'autre chose... Je chasse l'image mais voilà qu'elle revient. Et plus je la chasse, plus mon désir grandit jusqu'à devenir intolérable. Il n'y a bientôt plus rien au monde que cette soif de vivre. Me libérer, déchirer ce sac qui me contient. 

Ma main descend la fermeture éclair d'un geste brusque et définitif. 

Je ne remarque qu'à cet instant-là la fièvre à mes tempes, les palpitations de mon coeur. Je ferme les yeux, je laisse la fièvre s'apaiser d'elle-même. J'inspire profondément et je m'endors enfin, immobile mais libre.  

17 décembre 2012

Instants croqués: la maison bleue

Cette maison est ouverte. Les enfants y vont et y viennent. Les siens et ceux des autres. Les voisins, les cousins, les copains. Parfois ils restent, parfois ils ne font que toquer. Les portes s'ouvrent et se referment, laissant entrer les courants d'air.

Il aime être là, à côté. Il se sent à sa place.

Il les écoute parler, imiter ce qu'ils vivent ailleurs, toi tu serais le loup, et moi le petit cochon dans sa maison de brique. Non, j'aime pas les loups. Bon d'accord, toi tu serais le loup princesse Jasmine et moi le petit cochon Poucelina, tu serais ma grande soeur et moi je voudrais pas que tu me fasses peur alors je me cacherais dans ma maison de briques. Il les écoute s'ennuyer parfois, crier souvent mais rire tout de suite après, se disputer à tout jamais et puis se réconcilier. Il regarde les âges s'emmêler, les genres se rencontrer, les liens se nouer et se dénouer. Le théâtre de la vie, déjà. Il aime les portes entrouvertes sur les chambres jonchées de jouets et deviner au milieu trois enfants agenouillés qui ont oublié le monde alentour pour s'embarquer dans une nouvelle histoire. Il aime entendre le bruit des pas qui se courent après, les portes qui claquent et les gloussements de baleines. Parfois les pas viennent jusqu'à lui les yeux plein de larmes s'étant rappelés qu'il était là tout près. Alors il reçoit le trop plein qui déborde, les peurs, les injustices, les blessures et les colères incontrôlables jusqu'à ce que les pas soient prêts à s'en retourner.

Il aime être ce témoin bienveillant. A sa place, juste à côté. Permettre à la vie d'être ce qu'elle est. N'être rien de plus qu'un point d'ancrage.

Il ne sait pas ce qui leur en restera et peu lui importe. Il sait que c'est ici qu'il est bien.

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12 décembre 2012

Instants croqués: la fin des vacances

C'est l'été. Le soleil cogne encore, seul au milieu du ciel bleu sans nuances.

Dernier plongeon, dernière immersion dans l'eau. Tout à l'heure, les valises à boucler, la route à prendre, la ville à rejoindre. Tout à l'heure. Pour l'instant, je savoure le dernier bain. Je goûte intensément chaque sensation en les amenant une à une à ma conscience.

La seconde où je plonge, mon corps qui entre dans l'eau. La fraicheur qui vient éteindre la chaleur de ma peau restée trop longtemps au soleil. Mon corps qui change d'élément, oublie l'apesanteur pour se laisser porter, se laisser flotter. Mon corps dont les contours se dessinent enfin distinctement. Je me sens un être entier des pieds jusqu'à la tête. J'ai tout à coup un contour, une consistance impalpables à l'air libre.

Je savoure la dernière fois, le dernier plaisir. Il en est d'autant plus fort.

Je ne comprends pas pourquoi il m'est si nécessaire ce dernier plongeon alors que je me suis à peine baignée de toutes les vacances. J'aurais voulu me baigner plus, j'aurais dû me baigner plus. Pourtant ce n'était jamais le bon moment. Trop froid, trop la flemme. J'avais toujours mieux à faire: bronzer, dormir, rêver.

Jusqu'au dernier moment où je me dis que j'aurais dû en profiter d'avantage alors je me promets que l'an prochain, je me baignerai jusqu'à plus soif. 

Chaque été c'est pareil.

7 décembre 2012

Instants Croqués: La marelle

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   Il neige... 

 

6 décembre 2012

Instants Croqués: le pique-nique

Faire cuire des pâtes, sortir une tranche de jambon. Y ajouter un morceau de fromage et une clémentine. Remplir la carafe d'eau. Un déjeuner comme un autre. Mettre la table et crier: "à taaaaaaaaable!".

Oh, une petite fille était déjà juste là, derrière moi. "Dis maman, on pique-nique comme une autre fois?"

S'entendre répondre "non". Par reflexe, par flemme, par programmation figée. Chercher des raisons bidons: pas aujourd'hui, demain. Pas le temps, il faut se dépêcher pour l'école. Une prochaine fois, j'ai déjà tout préparé... Non, il faut, on doit.

S'arrêter.

Lâcher prise. Se laisser faire, se laisser aller, se laisser emporter par l'enfance. Saisir le jeu. Revenir sur sa décision: "Ok pour le pique-nique. Tu sais où on va?". Ressentir une petite excitation, comme une pointe d'adrénaline qui se diffuse tranquillement et nous rappelle qu'on est vivant. Bousculer le programme, sortir un plateau, entasser les assiettes et les verres, partir à l'aventure. S'étaler par terre au milieu des jouets dans la chambre des enfants. Pique-niquer tous ensemble. Ouvrir les portes de l'imaginaire.

Rien de plus. Rien de moins.  

C'est extra ordinaire...

5 décembre 2012

Instants Croqués: la caissière

Rejoindre mon îlot, dérouler la monnaie, allumer les lumières, enclencher le tapis, ouvrir la caisse. Un sourire, un signe de tête. Bonsoir monsieur, vous avez la carte du magasin? Des rituels, des gestes mécaniques, des codes à respecter. Mais surtout être seule. Etre seule derrière ma caisse et observer les gens avec ravissement, les réactions, les attitudes, les agacements, les politesses, deviner les personnalités. Désenclencher les conflits, chercher le regard, entrer en relation.  

Travailler comme on se vide la tête, comme on prend une bouffée d'air. Sans conséquences. Je n'avais jamais connu ça. C'est un plaisir.

En vous remerciant, bonne soirée messieurs dames.

4 décembre 2012

Instants Croqués: le rayon de soleil

Le canapé est vide. A sa place, immuable, contre la baie vitrée. Un rayon de soleil l'éclaire en partie.

Je ne résiste pas. Je m'assois sur le cuir chaud, j'enroule mon corps sur chaque parcelle de lumière et je ferme les yeux. Je deviens chat.

La chaleur traverse mes vêtements, imprègne ma peau et me régénère à l'intérieur.

Si je pouvais, je ronronnerais!

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Chansons à textes
Piano / Voix

contact: ninederien@outlook.com

CONCERTS :

- Mercredi 21 septembre 2016 à 20H30
Banc d'essai du Forum Léo Ferré (94)

- Jeudi 28 Juillet 2016 à partir de 20H
Scène ouverte "un été à Eaubonne" sur le parvis de l'Orange Bleue (95)

-Jeudi 21 Juillet 2016 à partir de 20H
Scène ouverte "un été à Eaubonne" sur le parvis de l'Orange Bleue (95)

- Jeudi 16 juin 2016 à parir de 20H
Scène Ouverte asso La Ruche, Forum de Vauréal (95)

- Vendredi 26 février 2016 à 20H30 à la Providence

06000 Nice (Vieux Nice)

- dimanche 7 février à 15h30 au Malongo Café
50 rue Saint André des Arts 75006 PARIS (RER SAintMichel)



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